Prologue à "188 Contes à régler"

Orageuse, sa vie aura été erratique, la privée comme la matérielle. Sans parler de sa carrière en dents de scie: quarante livres publiés ne lui ont pas assuré un statut d'auteur statufié dans le succès. On le dit inclassable, sans doute parce qu'il ne s'est jamais limité à un seul label littéraire. Il aurait pu demeurer un romancier, un auteur dramatique, un scénariste de cinéma, un chroniqueur pamphlétaire. Mais en réalité il avait, par-dessus tout, la passion du texte bref. Qui ne l'abandonnera jamais. Cela lui valut ses lecteurs les plus exigeants et la consécration dans un certain nombre de livres de classe au milieu de Maupassant, Poe, Kafka, Gogol, Mérimée... Étranges fréquentations...

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UN DERNIER COMPTE À RÉGLER (Préface de 1998)

Ces 188 contes à régler demeurent à mes yeux un livre choc dans mon fluctuant parcours personnel. Un point de repère aussi. Exaltánt en 1988. Hélas teinté de tragique en 1998. Les prémices remontent à quelques années quand, en 1984, on me refusa chez Albin Michel un dictionnaire personnel que je travaillais depuis toujours, au gré des ans, au fil de mes idées. Je me retrouvai vraiment sonné pour la première fois de ma carrière pourtant riche en descentes brutales, surtout que Francis Esménard croyait en moi et m'avait mensualisé pour mes romans tous publiés, ce qui me donna à vivre, entre mon dériveur et ma vieille machine à écrire, les plus belles années de ma vie.