En 188 Contes à régler (1988)
Un employé de banque de type européen, c'est bien cela qu'évoquait n'importe quel habitant de la planète Syrge pourtant bien éloignée de la nôtre. Les Syrgiens auraient donc pu se promener sur Terre en toute impunité, sans se faire remarquer. Ils avaient d'ailleurs les mêmes mœurs que nous, la même mentalité, comme les mêmes complexes. Toutes les conditions pour demeurer anonymes.
Et, curieusement, leur débarquement en plein jour dans un centre urbain se fit aussi dans l'anonymat. Alors qu'il s'agissait pourtant du premier débarquement sur Terre de créatures venues du plus profond de l'ailleurs.
Mais il faut dire que leur astronef était d'un modèle très courant dans les années 90 et on avait vraiment la sensation de l'avoir toujours vu décoller ou se poser, surtout que ces images revenaient au moins une fois par jour sur tous les écrans de télévision du monde. Et, supplément non négligeable, tout à fait par hasard, les Syrgiens atterrirent aux environs d'Hollywood devant une centaine de badauds blasés qui, même s'ils ne voyaient pas de caméras, étaient persuadés d'assister au tournage de l'inévitable film de science-fiction de la semaine.
Et ce n'est pas la vision des Syrgiens sortant de leur engin qui aurait pu les intriguer. Anodins et balourds comme ils l'étaient, costumés mi-astronautes mi-véliplanchistes. Les témoins durent au contraire penser que le scénariste de ce film-là devait être particulièrement en panne d'imagination.
Voilà pourquoi l'un des plus grands événements du siècle n'eut même pas droit à un entrefilet dans la presse ni, bien entendu, à un flash télé.